Un photographe, une assos
Lucie Luu : Bonjour Matthieu, vous êtes photographe amateur, comment avez vous commencé la photographie ? Matthieu
Colin: Depuis toujours je m'intéresse à l'image, ce qu'elle
raconte, ce qu'elle dévoile, ce qu'elle révèle.
J'ai toujours fait de la photographie, comme ça sans arrières
pensées. Mon oeil était plus ou moins en travaux... Mais
depuis 5 mois, un ami photographe m'a vivement recommandé de
"montrer" mes photographies. Mon regard, d'après lui,
était unique, simple et épuré... Je n'y ai vraiment
pas cru, doutant toujours de moi... Face à des Cartier-Bresson,
Doisneau... je ne faisais pas le poids... Mais l'idée a germé,
et un matin, je me suis levé en disant: je vais montrer mes photographies...
LL : Et en 5 mois vous avez eu le temps de créer un association qui tourne autour de la photographie ? MC
:Tout s'est enchaîné très vite à partir du
moment où mon ami photographe, LL: Vous ne faites pas les choses à moitié ! Quelles sortes d'aides proposez-vous aux jeunes dans tous les domaines et en particulier dans la photographie ? MC:
Pour le moment, l'association ne peut pas prendre en charge complètement
un artiste. Créée il y a donc un mois, elle est jeune
et a besoin de soutiens financiers. Des dons de n'importe quelle somme
sont les bienvenus, tout comme des personnes désireuses de devenir
membres actifs (2 artistes le sont pour le moment).
A chaque photographe son style...
MC:
J'aime le soleil. J'aime la lumière en général.
Je suis attirée vers elle comme un papillon vers une fleur...
Elle est la vie, elle est ma vie. Cette élévation vers
le ciel qu'on peut retrouver dans mes photographies sont un désir
d'ambition clair. Je n'aime pas le terre à terre, j'aime passer
des caps, franchir des barrières, aller plus loin... Je n'irai
pas jussqu'à dire que je souhaite atteindre le soleil, mais élever
mon âme vers 1% de pureté serait, à la fin de ma
vie, une preuve que je n'ai pas perdu mon temps. Je suis donc attiré
vers la couleur, particulièrement le bleu et le vert. Je trouve
ces couleurs intéressantes car elles peuvent décliner
vers du chaud comme vers du froid... Le bleu d'un ciel cubain peut devenir
le bleu de la glace... Ces contrastes me passionnent. Figure 1 - Illustration © Matthieu Colin
Figure 2 - Illustration © Matthieu Colin
MC
: Avant ces 4 mois, je n'aurai jamais pu répondre à cette
question. Ce sont les personnes qui ont vu mes photos qui m'ont trouvé
un style. De part la récurance de certains thèmes, couleurs,
lumières... ils ont trouvé que j'avais un style très
épuré,allant à l'essentiel. La pureté s'alliant
à la simplicité. Du coup, j'en ai tenu compte et l'ai
en tête à chaque prise de vue, que j'effectue au feeling,
quand j'en ai envie aux endroits dont j'ai envie; à mon rythme.
LL : Avez-vous été influencé ou inspiré par des photographes ? MC : pas réellement.J'ai été influencé dans ma façon de photographier par des photographes comme Alain-Charles BEAU, Philippe Pennec ou benoit Dufeutrelle. Ce dernier m'ayant énormément appris dans le "garder l'essentiel" "suggérer plutôt que montrer"... Tout est dans la subtilité. Se servir des choses pour dire autre chose ce pourquoi la chose a été faite... Je m'explique. La photo de Notre-Dame que j'ai pu faire aurait très bien pu être faite à partir d'une autre église, ce que je voulais faire ressortir est ce ciel d'après pluie extraordinaire, ce contraste entre l'élément air et l'élément terre: le fort contraste des la silhouette de notre-dame est là pour comparer ces deux élements. Benoit m'a beaucoup appris justement sur la comparaison... tout marche par comparaison: le bien, le mal, le bonheur, le malheur... l'un n'existe pas sans l'autre et ne peut exister que si l'autre est là, à côté... Le ciel de notre-dame n'aurait pas été si envoûtant si il n'était pas comparé à la silhouette noire de la cathédrale... Figure 3- Illustration © Matthieu Colin
Photographie engagée ?
MC :non pas du tout. je ne sais jamais comment une photo va être accueillie. Je prend des photos au grès de mes sentiments, de mes émotions... Je ne fais pas de photos de modèles, pas encore en tout cas, parce que je n'arrive pas encore à trouver une manière différente de tout ce qui a déjà été fait par les autres. Je ne veux pas faire comme les autres, je n'y vois aucun intérêt moral et artistique. Concernant ces photos en studio, elles se font avec préméditation en quelque sorte. Alors que moi, j'évolue dans la vie, avec ou sans l'appareil, et je vois des choses. Si l'appareil est là, tant mieux, sinon, je garde ça au fond de moi mais je ne reviens jamais sur un endroit en me disant: y a une photo à faire là-bas, j'y vais. Tout vient à moi... Je ne provoque presque rien. Ce sont ces images qui viennent à moi, quand elles le désirent, et c'est peut-être pour cela que je suis incapable d'expliquer un message... car tout se fait au feeling. Le seul sentiment que je veux faire ressentir par contre est la simplicité... Un garçon couché sur l'herbe, des parasols, un soleil, des colonnes... jouer sur les contre-jours, les ombres, couleurs... Le seul message que je pourrais donner est "faites ce que vous avez envi, sans penser aux autres. Si ça vous touche, ça touchera forcément quelqu'un. Et si une seule personne dans une vie arrive à "comprendre" et ressentir des émotions face à vos clichés, alors c'est que vous être arrivé à retenir quelque chose d'unique, qui vous est propre et personnel". LL : Comment comptez-vous vous démarquer de ce que font les autres ? MC: je ne compte pas me démarquer réellement.Je fais mes photos, celles que j'aime, celles qui m'inspirent, et voilà tout. Je ne cherche pas à vouloir être unique, je fais des images qui apparemment touchent les gens, tant mieux. Je veux juste rester fidèle à ce que je sui, ce que j'aime. Je ne prendrais aucune décision visuelle et esthétique parce que je veux me démarquer. J'évite par contre de faire comme tout le monde, là est la nuance.
Figure 2 - Illustration © Matthieu Colin Cupidon
MC:
une seule photo, ce serait très difficile. ça dépend
des moments. Je suis dans un jour assez triste donc je choisirais la
photo "FUITE" parce qu'elle m'inspire du recueillement, de
la fuite, du départ, dans un couloir sombre mais intéressant...
Ces photos sont faites: pour "fuite": numérique et "cupidon": lomo LCA argentique LL : Merci Matthieu Colin pour votre implication dans la photographie, j'espère que d'autres photographes se joindront à votre cause. Je rappelle ci-dessous les coordonées de votre association : PORTFOLIO-photographies
interview réalisée en octobre 2004 par Lucie Luu, photographe pour www.photosapiens.com |